Les plaintes des habitants de Saillans contre leur prieur (1368)
Posté par sourcesmedievales le 27 juillet 2008
Document proposé par Clément Lenoble (ater, université du Maine)
« Quand on vend un immeuble dans le bourg de Saillans, le prieur exige les lods, à raison du tiers du prix de la vente, alors que ses prédécesseurs ne percevaient que le cinquième. Il refuse de contribuer pour sa part aux constructions et réparations des murailles, de telle sorte que le travail des fortifications est inter-rompu et que, par suite de l’obstination du prieur, le bourg se voit à chaque instant menacé de subir le déplorable sort des plusieurs cités voisines qui ont été la proie des brigands. Le prieur ne veut point réparer son moulin, et les habitants, au risque d’être déva-lisés, sont contraints de porter leurs blés à deux ou trois lieues de distance (…). Il y a dans le bourg une chapelle dédiée à la Vierge, où les fidèles aiment à faire dire des messes ; le prieur s’empare des offrandes et des cierges. Autrefois, les portes du prieuré s’ouvraient dès l’aurore ; aujourd’hui, on ne les ouvre que bien après le lever du soleil, et il arrive que ceux des habitants qui partent de grand matin cultiver leurs champs, ne peuvent entrer dans l’église paroissiale et, comme bons chrétiens, y offrir à Dieu leurs prières. Autrefois, on recevait les pauvres au prieuré et on faisait une aumône générale trois fois par semaine ; de plus, le prieur avait soin d’envoyer aux pauvres femmes en couche tout ce qui était nécessaire à leur subsistance : aujourd’hui, rien de semblable ; le prieur ne fait plus aucune distribution (…). Nous ne voulons rien dire, pour le moment, du misérable état dans lequel il laisse son église Saint-Géraud, dont le choeur et le clocher mena-cent ruine, ni de la négligence avec laquelle y est célébré par quelques rares clercs le service divin… »
Réponse du prieur :
« … ces droits sont tous les jours impunément et impudemment violés ; on élève chicane sur chicane pour se soustraire à la perception des dîmes. ce qui est plus grave, ce qui diminue, discré-dite les offices de la paroisse, on déserte l’église Saint Géraud pour une certaine chapelle de la Vierge, étabie dans le bourg… »
Traduction J. Chevalier, Essai historique sur l’Église et la ville de Die, Valence, 1896, tome II, p. 266-268.
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