Le traité de Verdun selon Nithard (843)

Posté par sourcesmedievales le 12 avril 2008

ve.jpg« Donc, au milieu de juin, un jeudi, Lothaire, Louis et Charles se réunirent accompagnés chacun d’un nombre égal de grands, non loin de Mâcon, dans une île appelée Ansilla, et ils se jurèrent mutuellement de conserver désormais la paix entre eux à partir de ce jour, de faire diviser sous la foi du serment aussi également que possible, dans un plaid que leurs fidèles venaient de fixer, tout l’empire, sauf la Lombardie, la Bavière et l’Aquitaine ; il était décidé en outre que le choix des parts appartiendrait à Lothaire ; que chacun des trois frères devrait garantir à chacun des autres la part qu’il accepterait, sa vie durant, à condition que ceux-ci en feraient autant de leur côté. Cela fait, après avoir échangé des paroles pacifiques, ils se séparèrent d’accord et regagnèrent leurs camps, remettant au lendemain le reste des délibérations.

« Et quoique ceci ne pût se conclure qu’à grand’peine, il fut cependant établi que chacun résiderait en paix dans son lot, où il voudrait, jusqu’à la réunion qu’ils avaient fixée aux calendes d’octobre.

Puis finalement, il parut bon de part et d’autre, pour l’avantage de tous, que leurs envoyés, au nombre de cent vingt, se réunissent à Coblence sans échanger d’otages, et que là ils divisassent l’empire le plus équitablement possible.

Se réunissant là le 14 des calendes de novembre et prenant la précaution pour empêcher qu’aucune querelle ne vint à s’élever entre leurs hommes, pour quelque motif que ce fût, de faire camper la partie d’entre eux qui était avec Louis et Charles sur la rive orientale du Rhin et celle qui était avec Lothaire sur la rive occidentale, ils se réunirent ensemble tous les jours, pour la conférence, à Saint Castor. Et comme ceux qui avaient été envoyés par Louis et Charles pour la division de l’empire en étaient venus à formuler diverses plaintes, on demanda si l’un d’entre eux avait une connaissance claire de tout l’empire. Et comme il ne s’en trouva aucun, on demanda pourquoi des envoyés ne l’avaient pas parcouru dans le temps qui avait été laissé à leur disposition et n’en avaient pas dressé eux-mêmes un état. »

Nithard, Histoire des fils de Louis le Pieux, éd. Ph. Lauer, Paris, 1926, p. 130-137.

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Les serments de Strasbourg (842)

Posté par sourcesmedievales le 12 avril 2008

ve.jpg« Donc, le 16 des calendes de mars, Louis et Charles se réunirent en la cité qui s’appelait jadis Argentaria, mais qui aujourd’hui est communément appelée Strasbourg, et prêtèrent, Louis en langue romane et Charles en langue tudesque, les serments qui sont rapportés ci-dessous. Mais avant de prêter serment, ils haranguèrent comme suit le peuple assemblé, l’un en tudesque, l’autre en langue romane, Louis, en sa qualité d’aîné, prenant le premier la parole en ces termes : « vous savez à combien de reprises Lothaire s’est efforcé de nous anéantir, en nous poursuivant, moi et mon frère ici présent, jusqu’à l’extermination. Puisque ni la parenté ni la religion ni aucune autre raison ne pouvait aider à maintenir la paix entre nous, en respectant la justice, contraints par la nécessité, nous avons soumis l’affaire au jugement du Dieu tout-puissant, prêts à nous incliner devant son verdict touchant les droits de chacun de nous. Le résultat fut, comme vous le savez, que par la miséricorde divine nous avons remporté la victoire et que, vaincu, il s’est retiré avec les siens là où il a pu. Mais ensuite, ébranlés par l’amour fraternel et émus aussi de compassion pour le peuple chrétien, nous n’avons pas voulu le poursuivre ni l’anéantir ; nous lui avons seulement demandé que, du moins à l’avenir, il fût fait droit à chacun comme par le passé. Malgré cela, mécontent du jugement de Dieu, il ne cesse de me poursuivre à main armée, ainsi que mon frère ici présent ; il recommence à porter la désolation chez notre peuple en incendiant, pillant, massacrant. C’est pourquoi, poussés maintenant par la nécessité, nous nous réunissons, et pour lever tout espèce de doute sur la constance de notre fidélité et de notre fraternité, nous avons décidé de prêter ce serment l’un à l’autre, en votre présence. Nous ne le faisons pas sous l’empire d’une inique cupidité, mais seulement pour que, si Dieu nous donne repos grâce à votre aide, nous soyons assuré d’un profit commun. Si toutefois, ce qu’à Dieu ne plaise, je venais à violer le serment juré à mon frère, je délie chacun de vous de toute soumission envers moi, ainsi que du serment que vous m’avez prêté ».
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