Posté par sourcesmedievales le 4 juillet 2008
« Oui, à la lettre, cette cité fut fortifiée par le secours de Dieu et protégée par la garnison des anges, tant qu’elle conserva la loi et la justice, tant qu’elle eut les vertus pour richesse ; et aucun roi, aucun être humain, n’eût pu croire que l’ennemi extérieur ou intérieur y pénétrerait, car le Seigneur avait affermi les barres des portes de la Cité et lui avait assigné la paix pour frontière. Mais lorsque ceux que défendaient les bienfaits de Dieu se détournèrent de lui, la garde divine les abandonna et ils devinrent la proie de l’ennemi. Il en va de même de notre église, selon l’interprétation mystique : elle est pour ainsi dire déchirée en tous sens par les ennemis.
Qui eût jamais cru, qui eût jamais imaginé en nos contrées qu’en si peu de temps on serait accablé de malheurs que nous avons tous contemplés, pleurés, déplorés et grandement redoutés ? Et aujourd’hui même, nous ne redoutons pas moins que des pirates, assemblage de diverses bandes, atteignent le territoire de Paris et brûlent de tous côtés les églises du Christ voisines des rives de la Seine. Qui eût Jamais cru je vous prie, qu’un ramassis de brigands oserait de semblables entreprises ? Qui eût pu penser qu’un royaume si glorieux, si fortifié, si étendu, si peuple, si vigoureux, serait humilié, souillé de l’ordure de pareilles gens ? Qui eût pu croire que des êtres si vils oseraient, je ne dis pas lever d’énormes tributs, faire du butin, emmener des Chrétiens en captivité, mais simplement aborder en nos contrées ?
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Posté par sourcesmedievales le 13 avril 2008
« Si tu veux savoir, lecteur à venir, pour quelle raison les Sarrasins ont dominé le territoire de Bénévent, sache que telle fut l’occasion. Une fois Sicard, prince de Bénévent, tué par les siens, le chambrier palatin Radelchis lui succéda comme prince. À Tarente résidait alors le belliqueux Siconolf, fils du grand prince Sico de bonne mémoire. Sur ces entrefaites, les Capouans commirent les plus grands scandales, les notables furent tués par leurs sujets : leurs biens pillés, et ils s’offrirent en spectacle scandaleux à l’univers. Pour cette raison, ils redoutaient d’aller à Bénévent et d’obéir aux ordres de leur prince Radelchis. Ils machinèrent de nouvelles tromperies et allèrent trouver à Tarente Siconolf, le fils du susdit prince, et avec leurs alliés, leurs semblables pour ce qui était des scandales, ils se mirent sous le principat de Siconolf. Peu après, celui-ci entra dans Salerne et la plus grande part du territoire de Bénévent rallia son camp. Le prince Radelchis s’enflamma de haine contre lui et s’efforça de le chasser de ses terres. De ce long combat, des mauvaises actions commises de part et d’autre, aucun récit ne peut supporter l’étendue, aucun savant ne peut expliquer le sens, personne ne peut donner la description. En ce temps, le susdit prince Radelchis, par l’entremise de Pando, gastald de Bari, invita les sarrasins d’outre-mer à lui porter secours ; ceux-ci, longtemps demeurés dans les environs de Ban, s’emparèrent en pleine nuit, comme ils ont habitude de faire, de la dite ville, que l’on appelle en grec barèn, ce qui veut dire main lourde ou vigoureuse. Un nom qu’elle s’est jadis méritée à cause de la lourdeur de ses méchants crimes ou de la vigueur des dévastations sarrasines, par lesquelles elle ne s’est que trop déchaînée contre nous. Le premier roi de cette troupe inique s’appelait Kalfons ; couverts de vêtements et de chausses, ils n’étaient pas même protégés d’une armure et n’avaient en main que des roseaux. C’est avec eux que Radelchis dévasta toute la principauté de Siconolf et réduisit en cendres toute la vieille Capoue ; depuis tout ne fait qu’empirer. En ce temps, ils se livrèrent bataille à Canne.
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