La médecine franque d’après Usâma Ibn Munqidh

Posté par sourcesmedievales le 18 mai 2008

Al-Harîrî - (Maqâmât) Al-Wasîtî. Irak, 1237.« Le maître d’al-Munâyt’ira écrivit à mon oncle pour lui demander de lui envoyer un médecin pour soigner certains de ses compagnons malades. Mon oncle lui dépêcha un médecin chrétien nommé Thâbit.

Celui-ci fut de retour en moins de six jours et nous lui dîmes : « Tu as eu vite fait de soigner ces malades ! » Voici ce qu’il nous raconta : « on me présenta un chevalier qui avait une tumeur à la jambe et une femme atteinte de consomption. Je mis un emplâtre au chevalier, la tumeur s’ouvrit et s’améliora ; je prescrivis une diète à la femme pour lui rafraîchir le tempérament. Mais voici qu’arrive un médecin franc, lequel déclara : « Cet homme ne sait pas les soigner ! » et, s’adressant au chevalier, il lui demanda : « Que préfères-tu ? Vivre avec une seule jambe ou mourir avec les deux ? ». Le patient ayant répondu qu’il aimait mieux vivre avec une seule jambe, le médecin ordonna : « amenez-moi un chevalier solide et une hache bien aiguisée. » Arrivèrent le chevalier et la hache tandis que j’étais toujours présent. Le médecin plaça la jambe sur un billot de bois et dit au chevalier : »Donne-lui un bon coup de hache pour la couper net ! » Sous mes yeux, l’homme frappa d’un premier coup, puis, ne l’ayant pas bien coupée, d’un second ; la moelle de la jambe gicla et le blessé mourut à l’instant même.

Examinant la femme, le médecin dit : « Elle a dans la tête un démon qui est amoureux d’elle. Coupez-lui les cheveux ! » On les lui coupa et elle recommença à manger de leur nourriture, avec de l’ail et de la moutarde, ce qui augmenta la consomption. « C’est donc que le diable lui est entré dans la tête », trancha le médecin, et saisissant un rasoir, il lui fit une incision en forme de croix, écarta le cerveau pour faire apparaître l’os de la tête et le frotta avec du sel […] et la femme mourut sur le champ. Je demandai alors : » Vous n’avez plus besoin de moi ? » Ils me dirent que non et je m’en revins après avoir appris de leur médecine bien des choses que précédemment j’ignorais. »

Usâma Ibn Munqidh, Des enseignements de la vie. Souvenirs d’un gentilhomme syrien du temps des croisades, éd. A. Miquel, Paris, 1983, p. 291-293.

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L’agriculture en Andalus

Posté par sourcesmedievales le 12 mai 2008

Al-Harîrî - (Maqâmât) Al-Wasîtî. Irak, 1237.« Le district de Séville abonde en productions de toutes sortes, et il s’y trouve un vaste territoire planté d’oliviers qui l’embellissent : c’est l’Aljarafe, qui est verdoyant en tout temps […]. Il produit une huile excellente, que les bateaux exportent vers l’Orient ; la production est si abondante que, si on n’exportait pas cette huile, les habitants ne pourraient la garder ni en tirer le moindre prix […]. Sur son territoire, il y a beaucoup de miel très bon et beaucoup de figues excellentes […]. On y trouve aussi beaucoup de coton, que l’on exporte dans les pays et de l’autre côté de la mer. »

Al-Razi (andalou, 2e moitié du Xe siècle), trad. E. Lévi-Provençal, Al-Andalus, VIII, 1953, p. 93.

« On interrogea Ibn Rusd [grand cadi de Cordoue, mort en 1126, grand-père d’Averroès], au sujet des habitants d’un village, qui possèdent une canalisation dont ils utilisent l’eau pour irriguer leur terre, leurs vergers et jardins, chacun d’eux disposant d’une part déterminée d’eau. La canalisation traverse une terre appartenant au gouvernement et le terrain de l’un d’entre eux. Chacun d’eux dispose de sa part d’eau certains jours fixés, conformément aux usages de leurs pères et de leurs aïeux […]. Depuis une dizaine d’années, l’homme qui avait une partie de la canalisation sur le terrain […] construit un hammam […] et l’alimenta avec l’eau de la canalisation.

Puis il établit un moulin, ouvrant et modifiant la canalisation afin de l’alimenter, alors que cette canalisation n’était prévue par ses propriétaires que pour canaliser l’eau nécessaire à l’irrigation de leurs terres et de leurs vergers […]. »

Al-Wansharishi, Al-Miyâr, trad. P. Guichard-Lagardère, Madrid, 1990, p. 221.

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