Brutale disparition de Bronislaw Geremek
Posté par sourcesmedievales le 13 juillet 2008
Bronislaw Geremek, médiéviste, ancien membre du syndicat Solidarnosc et figure de l’opposition anti-communiste polonaise, est mort, dimanche 13 juillet à l’âge de 76 ans, dans un accident de voiture en Pologne.
Né d’une famille juive polonaise en 1932 à Varsovie, Bronislaw Geremek a été marqué par le second conflit mondial. En 1943, après avoir vécu une partie de son enfance dans le ghetto de Varsovie, il parvient à le quitter en compagnie de sa mère, alors que son père disparaît à Auschwitz. En 1948, il revient vivre dans sa ville natale, achève son cycle d’enseignement secondaire et commence des études d’histoire à l’Université de Varsovie.
Diplômé de l’université de Varsovie (1955), titulaire d’un doctorat de l’institut d’histoire de l’Académie des sciences polonaises (1960), il commence une carrière universitaire et devient directeur du Centre de civilisation polonaise de l’Université de Paris et chargé de cours à la Sorbonne (1962-1965). Il oriente ses recherches en histoire du Moyen Âge dans un domaine peu connu à l’époque : l’étude de la pauvreté, et plus particulièrement l’histoire de la délinquance, de l’exclusion et de la marginalité. En 1972, il soutient sa thèse sur le thème des marginaux parisiens aux XIVe et XVe siècles, thèse qu’il publiera en 1976 sous le titre Les Marginaux parisiens au XIe et au XVe siècle chez Flammarion. Aux côtés de Jacques Le Goff et de Georges Duby, ses publications dans les domaine sociologique et historique allaient faire de lui un spécialiste de réputation mondiale de la civilisation européenne au Moyen Âge. Reconnu dans le monde de la recherche, il est l’auteur de La Potence et la pitié. L’Europe des pauvres, du Moyen Age à nos jours, chez Gallimard (1987), puis est professeur invité de la chaire internationale du collège de France « Histoire sociale : exclusions et solidarités » (1992-1993).
L’homme politique a aussi connu un parcours des plus engagés. Après avoir adhéré au Parti communiste polonais, il se désolidarise après l’invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes du pacte de Varsovie (1968). Passé dans la dissidence, il coopère avec le Comité de défense des ouvriers (KOR), embryon de l’opposition démocratique. En 1980, il assiste les ouvriers des chantiers navals en grève, et les aide à fonder Solidarnosc, le premier syndicat libre du bloc soviétique. Après le coup de force du général Wojciech Jaruzelski (1981), Geremek est emprisonné pour deux ans et demi. Lors de la chute du régime communiste, il acceptera de diriger la diplomatie polonaise (1997-2000). Après l’adhésion de la Pologne à l’Union Européenne (2004), il est élu député au Parlement européen sur les listes d’un parti réformateur issu de Solidarnosc, mandat qu’il assumait toujours au moment de sa mort. Il avait reçu le Grand prix de la francophonie en 2002.
D’après Le Monde.fr, daté du 13 juillet, 15h43.
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