Lettre de Charlemagne au roi de Mercie, Offa (796)

Posté par sourcesmedievales le 4 juillet 2008

ve.jpg« Charles, par la grâce de Dieu, roi des Francs et des Lombards, patrice des Romains, à Offa, roi de Mercie, homme vénérable et son frère très cher, salut de prospérité présente et de béatitude éternelle dans le Christ.
C’est une habitude très profitable entre personnes de dignité royale, ou de condition élevée dans le siècle, de conserver dans l’unanimité de la paix, par un sentiment intime du cœur, la concorde de la sainte charité et les droits de l’amitié. Et si nous ordonnons, par un précepte seigneurial, de défaire les nœuds de l’inimitié, combien est-il aussi important de se soucier de nouer les liens de la charité. Aussi, frère très cher, nous souvenant d’un ancien accord entre nous, nous nous sommes attachés à envoyer à votre révérence cette lettre, pour que ce traité, confirmé par la racine de la foi, fleurisse dans le fruit de la charité.
Ayant relu les lettres de votre fraternité, qui nous ont été apportées à diverses reprises par vos messagers, nous nous efforcerons de répondre aux suggestions exprimées par votre autorité avec à propos. Mais nous rendons d’abord grâce à Dieu tout puissant de la sincérité de la foi catholique qui transparaît de façon louable dans vos lettres : nous reconnaissons en vous non seulement le protecteur très puissant de la patrie terrestre, mais encore le défenseur très pieux de la sainte foi.

Au sujet des pèlerins qui, pour l’amour de Dieu et le salut de leur âme, désireraient se rendre au tombeau des bienheureux apôtres, nous leur accordons, comme autrefois, de pouvoir suivre leur chemin en paix, sans aucune entrave en emportant avec eux ce qui leur est nécessaire. Mais nous avons établi que se glissent frauduleusement parmi eux des gens qui recherchent le profit par le commerce, et non le service de la religion. Si de tels individus se trouvaient parmi eux, ils devraient payer les tonlieux établis aux endroits précis. Les autres iront leur chemin en paix. Tu nous as écrit au sujet des marchands. Nous avons voulu, selon notre ordre, qu’ils bénéficient de la protection dans notre royaume, en toute légitimité, et selon l’ancienne coutume du commerce. Si en un lieu quelconque ils étaient victimes d’une injuste oppression, qu’ils nous le fassent savoir à nous ou à nos juges ; nous ordonnons ensuite que justice leur soit rendue. De même pour les nôtres : qu’ils puissent réclamer le jugement de votre équité. Cela afin qu’aucune difficulté ne puisse naître en quoi que ce soit entre nous.

Au sujet du prêtre Odbertus qui revient de Rome, et veut partir en pèlerinage pour l’amour de Dieu, et n’a porté aucune accusation contre vous : que votre dilection sache que nous l’avons envoyé à Rome avec d’autres exilés qui, par crainte de la mort, se sont réfugiés sous l’aile de notre protection. Ainsi, en présence du seigneur apostolique et de votre archevêque – auquel, ainsi que votre lettre l’a fait savoir, ils étaient liés par un vœu – leur cause était entendue puis jugée. Et qu’ainsi, là où l’intervention de la piété ne servit à rien, un jugement d’équité ait pu être rendu. Dans une cause où la sentence a été prononcée de façon divergente, qu’est-ce qui peut offrir pour nous plus de garanties que la censure de l’autorité apostolique ?

Pour les pierres noires dont votre révérence réclame avec insistance l’expédition, qu’un envoyé vienne et choisisse celles que vous souhaitez. Nous ordonnerons que, partout où on en trouvera, elles vous soient données, et que l’aide nécessaire à leur transport soit libéralement accordée.

Et de même que vous avez indiqué la longueur que vous désirez pour ces pierres, de même nous vous demandons avec insistance que, pour la longueur des draps, vous ordonniez de les faire tels qu’ils nous parvenaient autrefois. »
M. G. H., Epistolae, IV, p. 145 (trad. M. Rubellin).

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