La peste selon la Faculté de médecine de Paris (ca 1350)
Posté par sourcesmedievales le 1 juin 2008
« Disons d’abord que la cause éloignée et première de cette peste a été et est encore quelque constellation céleste […], laquelle conjonction, avec d’autres conjonctions et éclipses, cause réelle de la corruption tout à fait meurtrière de l’air qui nous environne, présage la mortalité et la famine […]. Nous croyons que la présente épidémie ou peste provient directement de l’air corrompu dans sa substance et point seulement de l’altération de ses qualités. Ce qu’il faut ainsi comprendre : l’air étant, en effet, de sa nature pur et clair, il ne se putréfie et ne se corrompt que si des vapeurs malignes s’y mélangent, sous une cause quelconque. Et, comme beaucoup de vapeurs corrompues au temps des dites conjonctions, par leur vertu propre s »lèvent de la terre et de la mer et se répandirent dans l’air même ; que beaucoup, sous l’influence du souffle fréquent des vents du midi épais et violent, à cause des vapeurs humides et étrangères que ces vents entraînent avec eux, ont corrompu l’air lui-même de sa substance, cet air, ainsi corrompu pénétrant nécessairement au cœur , attiré par la respiration, corrompt la substance du souffle qui est en lui et pourrit, par suite de l’humidité, ce qui l’entoure : de là résulte la chaleur , sortie de la nature, et corrompant le principe de la vie […].
Nous ne voulons pas manquer de dire que lorsque l’épidémie procède de la volonté divine, nous n’avons alors d’autre conseil à donner que celui de recourir humblement à cette volonté même, sans négliger toutefois les prescriptions du médecin […]. »
Rebouis, Études historiques et critiques sur la peste, Paris, 1888, p.76, 80 et 92. Repris par M. Mollat, R. Van Santbergen, Recueils de textes d’Histoire…, p. 263-264.
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