Chrysobulle d’Alexis en faveur des Vénitiens (1319)
Posté par sourcesmedievales le 24 mai 2008
Chrysobulle d’Alexis, empereur de Trébizonde, en faveur des Vénitiens (1319)
« Après que le très noble et très sage homme, le seigneur Zan Soranzo, duc et en son vivant ami intime de mon empire, avec les nobles seigneurs de sa terre, a envoyé à notre empire le noble homme ser Michiel Pantaleone comme leur ambassadeur, demandant de la part dudit seigneur paix et concorde légitime avec mon empire et l’autorisation pour ledit seigneur duc de faire une échelle à Trapézonte, comme le font les Génois, nous avons reçu avec plaisir et apprécions cette ambassade dudit seigneur duc et des nobles de sa terre et avons accordé audit ambassadeur le seigneur Pantaleone le présent privilège, dont le contenu dit que désormais les nobles et fidèles Vénitiens, tant petits que grands, auront le bienveillant accord de mon empire d’aller et revenir en sécurité dans [ledit] empire, sans être le moins du monde molestés ou empêchés, et [de même] dans toutes les parties de mon empire, tant cités que châteaux.
Lesdits Vénitiens doivent payer le juste « kommerkion », comme le paient les Génois, ni plus ni moins […] c’est-à-dire, de chaque charge des marchandises qu’ils apporteront par mer et qu’ils veulent exporter par terre, lors de ventes, 20 aspres de la monnaie de mon empire.
De même, des marchandises qui seront déliées dans les régions de mon empire et qui seront vendues à d’autres qu’à des Vénitiens, si ce sont des denrées pondéreuses, les vendeurs paient 3 % et pour le pesage 1 % et les acheteurs paient suivant le contenu. Et si les marchandises ne sont pas pondéreuses, les vendeurs paient seulement 3 %. […]
L’or, l’argent, les perles, les ceintures et autres choses semblables peuvent être apportées par les Vénitiens et vendus dans les régions de mon empire sans le moindre kommerkion et exportés, sauf ledit kommerkion de 20 aspres la charge. Et tous les marchands venant par terre dans mon empire ont les mêmes conditions. […]
De même, ledit ambassadeur a demandé à mon empire de la part dudit seigneur duc une terre et un endroit désigné pour y habiter : et mon empire reconnaissant et voyant que cette demande était juste, ordonne et proclame, par le seigneur Pantaleone ambassadeur et par ledit privilège que, depuis l’endroit appelé Canitri au milieu de Londocastro [Pontikokastron] et depuis le magasin de Saint-Eugène vers l’Occident, commençant à l’église Sainte-Marguerite, allant jusqu’au début de la voie Maitamu et en suivant la rue vers l’Orient s’arrêtant à un petit ruisseau, puis tournant le long de tout ce dit petit ruisseau jusqu’à la mer, puis revenant vers l’Occident et tournant et montant vers la colline et s’arrêtant à Petranegra et de là revenant vers l’Ouest, s’arrêtant aux maisons du haut et au(x) vieu(x) bain(s) et allant jusqu’à l’église par laquelle nous avons commencé : ce lieu a en tout 227 pas à 10 palmes le pas.
Et dans tout cet endroit les Vénitiens doivent édifier une église et y mettre des prêtres et des frères selon leur volonté et construire des maisons et une loge et faire nommer un baïle qui s’occupe des intérêts des Vénitiens et qu’ils aient leurs hérauts et qu’ils aient également des nobles dans leur association (societate) et des damoiseaux (domicellos) suivant la coutume de Romanie. […]
Écrit le mois de juillet, indiction 2, an 6827. »
D. A. Zakythinos, Le Chrysobulle d’Alexis III Comnène, Paris, 1932, p. 8 s. et G. T. Predelli, Diplomatarium Venetolevantinum, I, p. 122-124 ; repris in Ch.-M. De La Roncière, P. Contamine, R. Delort, L’Europe au Moyen Age. Documents expliqués, 3 (fin XIIIe siècle – fin XVe siècle), Paris, 1971, p. 158-160.
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