Le baptême de Clovis selon Saint-Waast (ca 496)
Posté par sourcesmedievales le 8 avril 2008
« Comme donc le célèbre roi des Francs, Clovis, habile en toute action, régnait alors sur les Francs, vint l’époque où il s’apprêtait, au milieu des incendies guerriers, à se battre contre le féroce peuple alaman. Là où virent les deux armées, et comme s’il n’avait pas eu l’ennemi en face de lui, il aurait voulu traverser le fleuve du Rhin, et dès lors les formations en coin des deux ennemis se firent face. Les Francs aussi bien que les Alamans, ayant engagé le combat, en vinrent à un carnage mutuel au point qu’une violente terreur opprimait le cœur de Clovis, au point qu’il cherchait à s’obliger par serment pour trouver dans son horrible anxiété une fin à ce combat furieux. Lorsqu’il s’aperçut que les siens étaient écrasés presque jusqu’à l’extermination, l’esprit comme exalté par l’aide divine, les yeux tournés vers le ciel, il se dressa : « Dieu unique pour le pouvoir et la majesté, dit-il, toi que Clothilde , celle qui vit à mes côtés, confesse et qui ne cesse de te supplier nuit et jour par une humble prière, toi, accorde-moi la victoire aujourd’hui sur mes ennemis, pour que moi je t’adore et te tienne par la foi de mon cœur ». Comme il frappait ainsi l’auteur de ce monde par des prières de ce type, voici qu’enfin l’ennemi, en tournant le dos, accorda la victoire à Clovis. Ensuite, victorieux, il commença à mettre les Alamans avec leur roi en sa domination, et, triomphant, impatient de retourner dans sa patrie, il arriva à l’oppidum de Toul.
Comme déjà il retenait son désir de se réfugier rapidement dans la grâce du baptême, en s’informant, il trouva là le bienheureux Vaast qui vivait sous le signe de la vie religieuse ; et bientôt il se l’adjoignit en route. Comme ils cheminaient de concert, ils arrivèrent un jour dans le pays de Voncq, en un lieu dénommé Grandpont, près du domaine de Rilly-aux-Oies, sur le fleuve de l’Aisne. Rencontrant un aveugle condamné à la perte de la lumière depuis de nombreuses années, il demanda au bienheureux Vaast de lui accorder son aide à cause de son immense piété, afin qu’il puisse récupérer la lumière dont il manquait, sur sa propre demande. Celui-ci, confiant dans la miséricorde de Dieu, leva la main droite sur les yeux de l’aveugle et lui imposa le signe de la croix. Aussitôt il retrouva la lumière des yeux. Et, à cet endroit, on voit une basilique construite par les mêmes chrétiens, où de nombreux miracles ont lieu en son honneur. De là il parvint à la ville de Reims auprès de l’évêque Rémi qui dirigeait alors le siège épiscopal. Là il demeura jusqu’à ce que, Clovis ayant professé sa foi en la Trinité sacrée, reçut la grâce du baptême. Puis le roi partit, recommanda le susdit Vaast au bienheureux Rémi et revint victorieux dans sa patrie. Comme la renommée était déjà célèbre dans la susdite ville de Reims et que le bienheureux Rémi s’efforçait de l’élever vers le culte d’adoration, il décida de le faire évêque de la ville d’Arras, où il prendrait soin d’attirer peu à peu par ses excellents conseils et son enseignement le peuple des Francs vers la grâce du baptême. Après avoir reçu la charge de la chaire du pontificat, il arriva dans la ville d’Arras. […] Il parvint donc à entrer dans l’église [cathédrale], il la trouva abandonnée et oubliée par la négligence des citoyens et des païens, remplie de ronces abondantes, salie par le fumier des bêtes qui en avaient fait leur habitat. »
Vita Vedastis, episcopi Atrebatensis, traduction M. Rouche, Clovis, histoire et mémoire, Paris, 1997, p. 555-557.
Je fais des recherches sur le baptême chrétien . ¨Pourquoi les différences dans l’application, les conception